Lorsque l’on est citoyen d’un pays démocratique, on n’est pas forcément conscient des privilèges dont on bénéficie. Ce n’est que lorsqu’on se retrouve privé de ces avantages que l’on se rend compte que la démocratie donne du pouvoir à ses citoyens. Mais qu’est-ce que vivre en démocratie signifie réellement pour les membres d’EELV ?
« La démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes les autres », a déclaré Winston Churchill en 1947. La moins mauvaise des formes de gouvernement ? Peut-être bien. Pourtant, nous croyons à la démocratie comme à quelque chose de sacré ou d’intouchable. Sacrée ? Oui. La démocratie doit être respectée inconditionnellement et utilisée à bon escient. Intouchable ? Non, car aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État. Mais finalement, que signifie vivre en démocratie ? « C’est avoir le privilège de voter pour les représentants de l’État et des collectivités locales, de pouvoir aller en justice pour faire valoir ses droits, même contre l’État, même contre les puissants. Vivre en démocratie, c’est pouvoir adhérer au syndicat de son choix », s’exclame Juliette Chesnel, présidente du groupe EELV à la mairie de Nice. Pour elle, la démocratie apporte des privilèges et des avantages en échange d’une liberté politique inconditionnelle.

Étymologiquement, la démocratie signifie « demos », le peuple, et « kratos », le pouvoir. Le pouvoir par le peuple. C’est la définition que nous avons tous en tête. « Gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », disait Lincoln. Mais la démocratie, c’est aussi la capacité d’un pays à passer d’une opposition à une autre. On peut donc dire que le Brésil est un pays démocratique. Mais pourquoi passer d’une opposition à une autre ? Comme le disait un jeune Taïwanais sur France Inter, « la démocratie, c’est comme l’air, c’est quand on n’a plus d’air qu’on s’en rend compte ». Et c’est pour ça que certains jeunes de Taïwan, qui n’ont connu que la démocratie, vont voter pour le parti pro-chinois », explique Juliette.
La démocratie est un idéal inaccessible
« Ce que l’on appelait démocratie au 19ᵉ siècle, pourrait-on aujourd’hui l’appeler démocratie ? » s’interroge Charly Julien, membre du groupe écologiste à Nice. Pour lui, la démocratie est un idéal. Aucun pays au monde n’est vraiment démocratique, mais chaque petite loi acceptée est un pas de plus vers ce régime tant convoité. Chaque pays démocratique est sur le chemin de la vraie démocratie. « La démocratie est un chemin, pas un but, parce que ce n’est pas quelque chose que nous pouvons atteindre. Le but de notre société est de progresser vers la démocratie en améliorant les droits », admet-il. Il poursuit : « Nous sommes en démocratie aujourd’hui parce que nous avons autorisé le mariage pour tous, mais pouvait-on dire dans les années 80 qu’être homosexuel était un crime ? Pourrait-on dire aujourd’hui qu’à l’époque nous étions en démocratie ? Non ».
Lois pour la démocratie, contre la démocratie

Sommes-nous donc un pays démocratique aujourd’hui quand on se souvient du nombre de fois où le 49.3 a été utilisé par l’ancien Premier ministre Elisabeth Borne ? « Si nous prenons cet exemple, nous avons l’égalité. Elle a le droit de faire ce qu’elle fait, mais ce n’est pas démocratique, quand le peuple élit des représentants et qu’on les fait taire, on n’est plus en démocratie », estime Gabriel Pelisson, également écologiste chez EELV. Les lois créées pour faire fonctionner la démocratie ne sont donc pas elles-mêmes démocratiques. Alors, à quoi bon ? Est-il vraiment possible de gouverner ? « C’est la question. Car si la démocratie est absolue, on comprend l’utilité du 49.3 parce qu’ils n’arriveront jamais à faire passer une seule de leurs lois », ajoute-t-il. Pour ces politiciens, ce type de législation est nécessaire. Même si certains n’en voient pas l’intérêt, pour EELV, c’est avant tout « un instrument démocratique que les institutions peuvent utiliser, sinon nous serions en crise totale ».