Bien avant l’arrivée des Talibans, la monarchie a régné sur le pays Afghan pendant plus de 50 ans. Mohammad Zaher Shah a été roi d’Afghanistan de 1933 à 1973. Symbole de l’émancipation féminine, il a aidé les femmes à se libérer des coutumes ancestrales et à occidentaliser le pays.

« Mon cœur saigne pour les innombrables Afghans innocents qui sont encore une fois sans abri, impuissants et sans défense », a déclaré Noal Zaher, petite-fille de Mohammad Zaher Shah. Depuis août 2021, la ville de Kaboul est sous le contrôle des Talibans. Un coup d’État qui intervient juste après le retrait des troupes américaines dans le pays. Mais le pays Afghan n’a pas toujours été sous le contrôle du groupe au mouvement islamiste. C’est en 1926 que le pays d’Asie centrale devient un royaume où les monarques se succèdent. Tous très attachés aux coutumes et traditions de leur religion, ces souverains adoptent une politique autoritaire, jusqu’à l’arrivée de Mohammad Zaher Shah en 1933.
Des réformes sous le modèle occidental

Dans les années 60, la modernité prend un nouveau souffle. Le roi, Mohammad Zaher Shah, commence une politique d’occidentalisation de la femme, avec le soutien du peuple de Kaboul. En 1959, il commence par interdire le port du tchadri, voile qui recouvre complètement le corps et la tête, puis à autoriser la scolarisation des filles. Une avancée vers l’ouverture de la vie sociale de la femme Afghane, qui caractérise le début de l’occidentalisation du pays. Dans les universités, les usines, les bureaux ou encore dans la rue, de plus en plus de femmes abandonnent le voile. Zohra Youssouf, élut Miss Afghanistan en 1972, décrit cette période : « Une partie de la société nous appelait « les Occidentalisés ». On s’habillait comme les Occidentaux, on vivait comme eux, on écoutait la même musique. C’était le mode de vie qui nous plaisait ». Cependant, ces réformes ne n’étaient pas bien vues partout. Dans les campagnes, les traditions religieuses et les coutumes ancestrales persistent. « Il n’y avait aucune trace de modernité à la campagne. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre », décrit Laurence Brun, photographe. Mais le roi veut en découdre. Son but, faire sortir le pays carrefour de son ancienneté. En 1664, le roi élabore une nouvelle constitution dans le but de précipiter l’évolution de son pays. Le pays passe alors d‘une monarchie constitutionnelle à une monarchie parlementaire et les femmes peuvent désormais aller voter et se présenter aux élections. Mohammad veut s’ouvrir au monde. En 1972, une photo va marquer le monde entier. Celle de trois femmes en mini-jupes, souriantes dans Kaboul. L’image est simple mais à l’époque elle est puissante. « Cette photo, je l’ai faite en 1972 dans la rue. Je me promenais et là qu’est-ce que je vois arriver en face de moi ? Trois filles en jupes très courtes. Je n’en croyais pas mes yeux, c’était tout à fait exceptionnel à l’époque », s’exclame Laurence Brun, la photographe du cliché. Cette photo a été vue comme une preuve que les femmes Afghanes se seraient pleinement émancipées. Et cela se confirme de par les nombreuses apparitions de l’épouse du roi qui se montre en public, sans voile, habillé à l’occidentale. Une liberté de plus en plus prononcée qui n’est pas du goût des conservateurs musulmans.

La chute d’un rêve
Une politique d’occidentalisation qui n’atteint pas les campagnes et les populations pauvres. Le développement économique, la mode vestimentaire et le droit des femmes subsistent mais seulement dans la capitale. « Les femmes peuvent toujours être vendues par leur famille voire même être échangées contre des terres où il ne pousse plus rien », déclare Laurence. En 1973, le beau-frère de Mohammad Zaher Shah tente un coup d’État. Le roi d’Afghanistan n’a pas d’autres choix que d’abdiquer puis part en exil à Rome. Son rêve est brisé. Tout ce qu’il avait construit vient de s’écrouler. Lors de son départ, plusieurs partis communistes et islamistes sont créés. Jusqu’en 2001, l’ancien roi moderne lutte pour la chute des Talibans et mène des actions avec l’aide de tous les opposants du pays. A son retour, il refuse de remonter sur le trône. Il retrouve néanmoins un rôle et une influence importante, et sera surnommé le « Père de la nation ».