Les Îles Spratleys : la Chine prête à tout pour imposer sa présence

Chine, Philippines, Brunei, Taïwan, Malaisie ou encore Vietnam, la tension monte entre ces pays. Tous se disent légitimes à ajouter les îles Spratleys à leur territoire et principalement la Chine. Et pour cause, Pékin souhaite renforcer son influence maritime quitte à déclencher une guerre.


Aujourd’hui, six pays revendiquent les Îles Spratleys (Arte)


« La plupart des produits d’Asie du Sud-Est et de Chine partent des rivages de ce continent et traversent ces mers. Mais il y a aussi toutes les matières premières qui servent à fabriquer ces produits qui arrivent par ces eaux-là, donc ces zones sont essentielles au commerce mondial », affirme Jean-Louis Vichot, expert sur la zone Asie-Pacifique. Les Îles Spratleys sont une quinzaine d’îles et de récifs au cœur d’un conflit très sensible. Situé dans la mer de Chine méridionale, cet archipel ne fait pas plus de 2 km2, mais recèle de ressources indispensables comme du gaz, du pétrole ou des réserves halieutiques. De plus, c’est une zone commerciale importante puisqu’elle représente 27% de l’économie mondiale. Depuis sa découverte par le capitaine britannique Richard Spartly en 1843, ces atolls n’ont pas encore trouvé de propriétaire officiel et cela ne risque pas d’arriver d’aussitôt. En effet, six pays se disputent aujourd’hui l’îlot : la Chine, les Philippines, le Brunei, Taïwan, la Malaisie et le Vietnam. Parmi ces nations, un pays tente le tout pour le tout afin d’asseoir sa présence, la Chine.

Une revendication historique

La « langue de boeuf », délimitation maritime définie par Pékin (Wikipédia)

Si aujourd’hui les pays justifient leurs revendications grâce au droit maritime et leurs 12 000 miles à partir de ses côtes, la Chine ne le voit pas de cet œil. En 1947, le pays a tracé ce qu’on a appelé « langue de bœuf ». Il s’agit d’une carte de la mer de Chine méridionale avec neuf traits, correspondant à leur espace maritime légitime à l’époque où l’empire du Milieu dominait la région. Une carte que les Chinois exposent principalement lorsqu’ils ressentent le besoin d’affirmer leurs revendications. « Alors cette ligne de neuf traits est assez habile, vous imaginez, sur une mer complète, c’est comme si on délimitait les zones en Méditerranée en neuf traits, c’est terriblement imprécis, mais du coup, c’est terriblement efficace. Comme la limite n’est pas tracée, elle est négociable, mais en même temps, vous pouvez jouer en permanence avec les frontières. Donc, il y a un espace diplomatique et d’influence considérable », ajoute Jean-Louis Vichot. De plus, ce plan se réfère à des routes commerciales remontant au XIIe siècle. Mais en 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a considéré que cette carte n’était pas valide et que les Chinois n’avaient pas de bases solides pour revendiquer cette région. 

Indispensable pour Pékin 


Les revendications sont nombreuses (Sciences Po)

Depuis 2013, l’empire du Milieu a pour ambition d’affirmer sa présence sur la mer de Chine méridionale. Il y a plusieurs explications à ces ambitions. Tout d’abord, il s’agit d’une région riche en réserve halieutique. Sur 150 millions de tonnes de poissons consommés par an dans le monde, 105 millions sont consommés en Asie. Cyrille Poirier-Coutansais, conseiller juridique à l’état-major de la Marine, atteste que la Chine est le premier consommateur de poisson au monde : « La Chine est maintenant le premier consommateur mondial de poisson. Elle a donc besoin d’importer, mais surtout de pêcher de façon massive. Le premier pêcheur de la zone, c’est le Vietnam. C’est quelque chose qui joue beaucoup dans les tensions », avoue-t-il. Ensuite, ces eaux seraient riches en terre rare, en minerais et en hydrocarbure. Pour le pays, il ne s’agit pas simplement d’un archipel quelconque capable d’apporter de nombreuses ressources. Après avoir récupéré le Tibet ou encore Hong Kong, la Chine veut renforcer son influence maritime et spécialement sur les mers qui touchent le pays. Avec les Îles Spratleys, c’est la garantie d’un des principaux couloirs mondiaux, vital pour Pékin qui est, à ce jour, la deuxième économie mondiale de la planète.  

Des installations déjà effectuées


Pékin créé des îles artificielles (Le Point)

Si la Cour permanente d’arbitrage de La Haye n’a pas estimé que la Chine était légitime dans cette zone, pour Pékin cela n’a aucune importance. Les Chinois considèrent quand même cette région comme là leur et ignorent le droit international. En 2013, l’empire du Milieu transforme leurs récifs inaccessibles en îles artificielles appelés la Grande muraille de sable. Une dizaine d’îlots sont créés et s’étendent alors sur 13,5 km2. Aujourd’hui, ces nouvelles îles comptent plusieurs aéroports, héliports, ports ou encore immeubles. Il y a quelques jours, la Chine a publié de nouvelles photographies de leurs bases. L’objectif de la Chine : garder sa puissance et sa présence mondiale. 

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