L’Érythrée est considérée depuis 20 ans comme la plus grande prison de journalistes au monde. Certains sont arrêtés tandis que d’autres sont contraints à l’exil. Un pays complètement fermé ou les médias sont totalement contrôlés par le régime en place.
L’Érythrée est un petit pays d’Afrique de l’Est bordé par le Soudan, Djibouti et l’Ethiopie. Peuplé de 5,9 millions d’habitants, cet État vit depuis 20 ans dans la peur. En effet, le pays africain est classé avant-dernier au classement mondial de la liberté de la presse, juste avant la Corée du Nord. À ce jour, Reporters Sans Frontières compte 11 journalistes emprisonnés dans le pays. En 2009, le président érythréen avait déclaré au sujet du journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak, détenu depuis 20 ans : « Nous ne le libérerons pas et il n’aura pas de procès ».
Le paysage médiatique

Tous les médias en Érythrée appartiennent au gouvernement. L’agence de presse nationale est l’Erina (Eritrean News Agency) et le principal journal du pays est Haddas Ertra. Au niveau de la radio, la plus importante est celle de Dimtsi Hafash. Pour ce qui est de la télé, les deux chaînes publiques principales sont Eri-Tv et Eri-TV2. Depuis 2001, tous ces médias sont contrôlés et dépendant du régime du président Issaias Afeworki, accusé de nombreux crimes contre l’humanité. Les supports d’informations érythréens sont résignés à accepter un contrôle strict des programmes et à diffuser la propagande du président. Que ce soit des médias étrangers ou nationaux, aucun n’a le droit d’exercer. L’accès aux médias étrangers est impossible dans le pays. Il existe une radio indépendante à Paris qui relaie l’information en Érythrée, animée par des journalistes en exil. Cependant, ses ondes sont souvent brouillées par le gouvernement du pays arabe, même à l’autre bout du monde. Pour ces supports d’informations, il n’existe aucun marché publicitaire, car les créations et les installations y sont interdites. Toutefois, une autre radio dirigée par des Érythréens en Ethiopie essaie de contacter les Érythréens dans le pays. L’accès à internet y est très faible puisque seulement 1% de la population du pays arabe y a accès puisque le gouvernement bloque régulièrement les sites.
Une liberté de la presse inexistante

Cela fait 8 ans maintenant que le pays arabe occupe l’avant-dernière place du classement mondial sur la liberté de la presse. Pourtant, en théorie, la constitution érythréenne assure une liberté de la presse, mais en pratique, c’est une autre chose. En effet, afin de pouvoir imprimer un journal ou de publier une publication étrangère, les journalistes doivent être munis d’un permis. Certains ont quitté le pays pour une liberté de la presse plus libre tandis que d’autres ont choisi d’accepter l’autocensure dans un État où il n’existe aucun droit à l’information. Les quelques journalistes étrangers qui s’aventurent dans le pays doivent être accompagnés. Une liberté d’expression tellement restreinte que ceux qui tentent de faire bouger les choses sont emprisonnés. D’après Reporters Sans Frontières, l’Etat africain est considéré comme « la plus grande prison d’Afrique pour les journalistes » au monde. En 2021, Amnesty International avait lancé une campagne mondiale afin de libérer 21 journalistes et responsables politiques, emprisonnés depuis 20 ans.